Partie 1
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L’ICI ET MAINTENANT
La Gestalt nous fait développer d’incroyables ressources dans notre relation aux autres. Je vous propose ici d’avoir accès à quelques concepts centraux de cette puissante approche pour votre management. Notre premier article traite de “l’ici et maintenant” dans notre relation à nos collaborateurs.
En premier lieu, je me dois de vous définir en quelques mots (ce qui n’est pas nécessairement simple) la Gestalt.
Et en quelques mots… Et surtout, comme je la vis et comme je la comprends.
(Car, petit aparté, je pense que la richesse des approches réside dans ce qu’ont conçu leurs auteurs originellement (Berne, Schutz, Bateson, Watzlawick, Brandler et Grinder pour ceux que je connais ou maîtrise à ce jour), mais aussi dans ce que ceux qui les utilisent peuvent en comprendre et en faire : je parle d’ajustements, de transformations créatrices (et non de déformations sans plus-value, sinon de la confusion, comme l’analyse transactionnelle en a été l’objet) – fin de l’aparté -).
La Gestalt est un mot allemand qui signifie, en gros, “la forme qui émerge”. Cela veut dire que lorsque vous êtes en interaction avec une personne, il émerge de ce contact quelque chose : cela peut prendre la forme d’un ressenti, d’une émotion, d’une impression envers l’autre, d’une projection, d’une envie d’aborder un sujet de conversation que vous n’auriez pas avec une autre personne, d’un quelque chose plutôt indéfinissable, qui se passe, parce que c’est l’autre et parce que c’est vous, ici et maintenant.
L’ici et maintenant est un concept clé en Gestalt. Il renvoie à notre “awareness”, autre concept clé, qui signifie la conscience. Conscience de soi (qu’est-ce que je vis, ce que je ressens, ce que je pense réellement, ce qu’il se passe dans mon corps, à quoi ça me renvoie), conscience de son environnement (tout ce qu’il y a autour, les mouvements, les formes, les sons, les éléments), conscience de l’autre (comment j’intègre l’autre dans notre échange ; exemple simple : lorsque je laisse l’autre parler ou lorsque que je lui coupe la parole : je ne vais pas avoir la même conscience de l’autre).
En résumé, l’ici et le maintenant signifient : quelle conscience ai-je de ce que je suis en train de vivre, ici et maintenant, dans cet échange avec l’autre, ou avec les autres, et avec moi-même ? Comment suis-je présent dans cet instant, comment suis-je présent à l’autre ? (Oui, la Gestalt présente aussi une dimension parfois spirituelle très stimulante).
Que peut vous apporter ce concept de l’ici et maintenant en management ?
1. Conscientisez et accueillez
Premièrement, au lieu d’être constamment dans le “faire”, essayez de vous connecter à l’ “être”.
Par exemple, avant de démarrer votre réunion (animateur ou participant), explorez ce que vous ressentez. Arrêtez-vous sur vos zones de confort, sur vos peurs ou appréhensions, sur les endroits où vous sentez que vous allez prendre du plaisir, ressentir de la stimulation, etc.
Conscientisez et accueillez.
Conscientiser vous aide à avoir l’information que cet état est présent, est là, en vous, avec vous. En l’identifiant, vous allez certainement pouvoir en faire un traitement différent, peut-être plus juste, que si vous ne vous étiez pas connecté à lui.
Accueillir, c’est accepter ce qui vient, tel quel. Avec les mêmes effets que la conscientisation : pouvoir en effectuer un traitement différent. Par exemple, vous devez effectuer un recadrage dans 10 minutes avec une personne dite difficile, et vous ressentez des sensations corporelles désagréables (boule au ventre, jambes tremblantes, gorge serrée…). C’est la conscientisation.
A présent, accueillez ce que votre corps vous envoie. C’est là et c’est ainsi… Comment pouvez-vous en faire votre compagnon ? Plutôt que d’établir un rapport de force avec “tout ça”, en luttant contre ce qui est (ce qui va vous faire perdre de l’énergie plutôt que de la placer dans votre concentration ou à l’endroit de votre force à faire face à cette personne)…
Plus vous développerez ce réflexe “conscientisation + accueil”, plus vous intégrerez cette bonne habitude qu’est “être vraiment là” dans l’ici et maintenant, et plus vous développerez votre intelligence relationnelle, pour gérer avec de plus en plus de fluidité les situations qui se présentent à vous.
2. Expérimentez différemment le contact avec l’autre
En second lieu, je vous propose d’expérimenter ce que vous ressentez dans votre contact avec chaque personne que vous croisez. Si vous vous y arrêtez un instant, vous saisirez rapidement que vous ne ressentez pas la même chose face à chaque personne. Lesquelles vous font sentir du positif ? De la joie ? De l’enthousiasme ? De la curiosité ? De la confiance en vous ? Du neutre ? Du “je ne sais pas quoi en penser” (= je ne sais pas définir ce que je ressens au contact de cette personne) ? Du désagréable ? De l’inconfort ? Un nœud à l’estomac ? De la méfiance ? Une perte de confiance en vous ?
Quelle forme prend le contact, ici et maintenant, avec cet autre-là ? Suis-je en confiance ou sur mes gardes ? Suis-je moi-même ou est-ce que je revêts un masque ?
Et si vous poussez la réflexion, interrogez-vous : quelle forme prend la relation managériale que j’entretiens avec ce collaborateur ? Sa nature a-t-elle un lien avec ce que je ressens dans cette seule séquence de contact (= juste l’instant où vous conscientisez ce que vous ressentez en présence de cette personne) ?
Répondre à ces questions pourra peut-être vous aider à conscientiser des éléments sur lesquels vous ne mettiez que des sensations floues, disparates, négatives ou positives. Répondre à ces questions peut vous aider à affiner votre relation à vos collaborateurs et ainsi mieux ajuster votre posture, votre communication avec chacun d’entre eux.
Pour conclure…
L’ici et maintenant est un concept à la fois très concret et très spirituel.
Il est concret, car être dans l’ici et maintenant, c’est s’ancrer, c’est être présent avec tout son corps, toute sa conscience, sensorielle, intellectuelle et émotionnelle.
Mais ce concept est également spirituel, car m’ancrer me permet également de regarder et de voir ce qui m’échappe si je ne prends pas ce temps d’ancrage. Et voir ce qui m’échappe permet de m’élever et de faire progresser (la situation, ma relation à l’autre, me faire progresser moi-même).
Lorsqu’un manager s’attache à faire exister autrement chacun de ses collaborateurs, et à simultanément se faire exister lui-même autrement, le sens de sa mission se transforme, et pas simplement dans le concret et le quotidien de ce qu’il a à gérer.
C’est bien au-delà, parfois même au-delà des mots, de l’explicable. Vous pouvez choisir de tenter cette belle expérience.
A tous ces merveilleux outils, à ces génies qui les ont pensés… et aux bienfaits que vous pouvez chacun en tirer pour une vie transformée,
Axelle